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Les livres d'Eve
20 juillet 2015

"Funérailles célestes" de XINRAN

          Dans le cadre du challenge ABC il me fallait un auteur dont le nom commence par la lettre X (ou alors un anonyme) ce qui bien sûr n’est point simple à trouver. Alors je dis merci à la Chine qui m’a permis d’en découvrir plusieurs et j’ai flashé sur le titre : « Funérailles célestes »

funérailles-célestes de Xinran

 

Résumé

 

          C’est l’histoire d’une jeune Chinoise prénommée Wen qui rencontre pendant ses études de médecine Kejun. Un amour très fort les unit et ils décident de se marier.

          Nous sommes en 1936, le communisme en est à ses débuts et fait des émules. Par idéal, Kejun s’enrôle comme médecin dans l’armée pour aller « délivrer le peuple tibétain de l’obscurantisme ». Il étudie un peu la civilisation, la langue car la propagande a fait son effet, il est persuadé de faire quelque chose de bien.

          Quelques temps plus tard, Wen apprend sa mort sur les hauts plateaux du Tibet. Elle n’arrive pas à croire qu’il est vraiment mort, s’engage à son tour dans l’armée et part sur ses traces. Mais elle va se retrouver blessée et sera recueillie par Zhuoma, une Tibétaine et aussi par une famille de nomades.

          Elle va ainsi découvrir, un peuple étrange, avec ses coutumes, sa façon de vivre en nomades en respectant la nature, parmi les troupeaux de Yacks, et surtout les spectacles grandioses de ces montagnes immenses où règne en maître le silence.

 

Ce que j’en pense :

 

          C’est une belle histoire que nous raconte Xinran. Elle est journaliste et a rencontré et interviewer Wen qui lui a livré son « odyssée », alors qu’elle était revenue en Chine, à Suzhou,  dans sa province natale.

          Cette femme par amour part suivre la trace de son mari pour savoir ce qu’il s’est réellement passé ; elle n’accepte pas l’idée qu’il soit mort. Elle va vivre dans les mêmes conditions que les nomades, apprendre à monter à cheval pour les suivre et peu à peu, les jours passant elle va perdre la notion du temps, se faisant comprendre par signes au début.

          Puis elle rencontre Zhuoma, Tibétaine passionnée par la Chine, descendante d’une riche famille qui a tout perdu, sauf les bijoux qu’elle porte sur elle pour pouvoir voyager, manger… elle est à la recherche d’un des serviteurs de la famille qui a disparu lui-aussi et qu’elle a surnommé Tienanmen. Les deux femmes vont réaliser leur quête en s'entraidant, avec la naissance d'une belle amitié.

          Le silence est omniprésent, de même que l’immensité. Les paroles se limitent à l’essentiel. Wen apprend la vie au Tibet, le bouddhisme, les rituels, les cérémonies, la notion d’entraide auprès de la famille qui l’a recueillie. Elle va aussi écrire pour survivre, écrire avec un simple crayon entre les lignes d’un livre. On verra l’importance de l’écriture dans cette histoire. « écrire peut être une source de force » disait son supérieur dans l’armée.

          Il y a deux façons d’accompagner les morts au Tibet : soit un rituel dans l’eau, on parle alors de funérailles aquatiques, soit en dépeçant le corps pour l’offrir comme nourriture aux rapaces considérés comme sacrés, ce sont les funérailles célestes.

          J’ai aimé ce livre car le Tibet et le Bouddhisme m’intéressent beaucoup, donc j’ai pu retrouver des rituels, des coutumes, des couleurs, les maîtres ou les ermites en méditation, la spiritualité, la structure de la famille où chacun a un rôle défini (et indispensable) à jouer…

          L’aspect voyage initiatique m’a plu aussi, notamment cette femme qui poursuit sa quête de réponses de façon opiniâtre, son amour magnifié par l’absence de l’autre, son culot car elle est très jeune et ne connaît rien de la situation politique, ou de la géographie, du mode de vie très dur. Elle y passera une trentaine d’années…

          Que trouve-t-on quand on part ainsi à la quête de quelque chose ou de quelqu’un ? Soi-même, ou du moins son vrai moi probablement… et comme disait encore son supérieur dans l’armée, « rester en vie est en soi  une victoire».

          Par contre, je trouve qu’il y a un peu d’angélisme ou tout au moins de naïveté dans le récit : les Tibétains, malgré leur hospitalité paraissent froids, limite un peu bornés avec leurs croyances aux démons et les Chinois un peu trop sympathiques dans leurs désirs d’aider la jeune femme et dans le caractère libérateur de ce qui est une invasion, une colonisation et une disparition programmée.

          J’ai eu beaucoup de plaisir à lire la postface écrite par Claude Stevenson (à qui on doit « Le seigneur du lotus blanc » consacré à Sa Sainteté le  Dalaï Lama), car elle ajoute justement ce bémol qui vient nous rappeler ce qui se passe vraiment.

          J’ai passé un bon moment avec Xiran et je lirai sûrement un autre de ses romans, car l’écriture est agréable, les descriptions tant des paysages que des êtres, sont belles et font rêver.

          Note : 8/10

 

 

L’auteur :

 

Xinran

         Xinran est née à Pékin, en 1958. À l’âge de quinze ans, elle publie son premier poème et choisit d’étudier l’Anglais, les relations internationales, l’informatique et le Droit au département politique de l’armée. En 1989, elle commence alors sa carrière de journaliste.

          Elle devient animatrice de « Mots sur la brise nocturne », une émission de radio quotidienne consacrée aux femmes qui connait un véritable succès de 1989 à 1995. En 1997, elle quitte la Chine pour l’Angleterre. Après quelques petits boulots, elle commence à enseigner à l’université de Londres.

           Auteur d’une chronique bimensuelle sur la Chine pour The Guardian, elle tient également le rôle de conseiller aux relations avec la Chine pour de grandes corporations telles que la BBC. En 2002, elle publie son premier livre, Chinoises, véritable best-seller international, qui confère à Xinran une notoriété mondiale.

 

Extraits :

 

          Quand j’avais cinq ans, j’ai surpris dans une rue de Pékin un bout de conversation qui s’est fiché dans ma mémoire et ne m’a pas quittée depuis.

          « Les Tibétains ont découpé son corps en morceaux et les ont offerts aux vautours.

          -         Quoi ? Pour avoir tué un vautour ? un de nos soldat a payé de sa vie la mort d’un vautour ? »

          C’était en 1963. On parlait peu du Tibet en Chine et peu nombreux étaient ceux qui connaissaient ce pays. Bien sûr, nous lisions les articles des journaux sur la glorieuse « libération» du Tibet, mais, à part cela les informations étaient rares. P 7

 

          Le temps ne cessait de changer. Un instant, c’était comme une chaude journée de printemps avec des fleurs, et l’instant d’après, des flocons de neige virevoltaient autour d’eux. Elle avait l’impression de se trouver dans un pays féerique où, en un seul jour, se succédaient des milliers d’années. P 38

 

          La zone qu’ils traversaient avait beau être déjà soi-disant « libérée » par l’armée de libération, on ne voyait ni habitants, ni unité militaire, et aucun signal ne parvenait aux opérateurs de radio. L’anxiété à commencé à ronger les soldats à mesure que le vertige, la rareté de l’air et les changements brusques de température les enveloppaient d’un monde de peurs. P 40

 

          Wen dépendait de Zhuoma pour toute explication et rendait constamment grâce d’avoir eu la bonne fortune de rencontrer une femme aussi courageuse et intelligente. Sans elle, elle n’aurait jamais rien compris à ces gens qui, avec leur sens profond de la spiritualité et leur autonomie insouciante, étaient aussi différents des Chinois que le ciel de la terre. P 81

 

          La photographie de Kejun jaunissait. Son visage avait un air éteint et ridé.

          Sans possibilité d’échapper à la situation, Wen avait cessé d’y penser. Son corps et son esprit s’étaient adaptés au mode de vie tibétain ; elle ne prêtait plus si grande attention à ses besoins et ses désirs. Quand la famille priait, elle priait avec eux, tournant son propre moulin à prières. Elle ajoutait aux prières les paroles de Wang Liang : « le seul fait de rester en vie est en soi une victoire. P 117

 

Lu en juillet 2015

destination-pal

challenge ABC Babelio 2014

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Commentaires
P
Une histoire de femme, d'amitié avec l'immensité et une certaine spiritualité. Ce livre a tout pour me plaire bien que je ne sois pas souvent attirée par les auteurs asiatiques.
L
Je ne sais pas pourquoi mais j'ai toujours un peu de mal à lire de la littérature asiatique.
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