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Les livres d'Eve
22 mai 2015

"Bord de mer" de Véronique OLMI

          Je vous parle aujourd’hui d’un livre qu’une amie m’a prêté. Il s'agit du premier roman écrit en 2002 par Véronique Olmi.

 

bord de mer Véronique Olmi 1

 

Quatrième de couverture

 

          Un  auteur, deux romans courts, sur cette chose si fragile et si merveilleuse, parfois si cruelle : la famille.

          Dans le premier, une jeune femme emmène ses enfants voir la mer. Ils ont pris l’autocar de nuit, en plein hiver, et les petits s’inquiètent de manquer  l’école. La ville est hostile, l’hôtel lugubre, le froid perçant et la pluie tombe sans discontinuer. Mais il faut y croire, coûte que coûte, pour les enfants…jusqu’où ?

          Véronique Olmi nous plonge ensuite dans l’intimité de Fanny. Lorsqu’elle est née, elle avait déjà cinq frères et sœurs bien plus âgés. Pour son père, autoritaire et lointain, elle n’est que le numéro six. C’est l’amour de celui-ci qui sera la quête éperdue de la petite fille, de l’adolescente puis de la femme.

 

Ce que j’en pense :

 

          Comme je l’ai dit, c’est une amie qui m’a prêté ce livre et je m’y suis prise à deux fois pour le lire. J’ai commencé le premier roman court, je l’ai laissé puis j’ai retenté l’expérience quelque mois plus tard. J’ai réussi à aller au bout de « Bord de mer ».

          On sent tout de suite que l’héroïne est au bout du rouleau, usée par la vie, et qu’elle a lâché prise depuis longtemps. Elle élève seule ses deux garçons.

          Stan l’aîné, neuf ans  est un enfant devenu adulte trop vite, les rôles sont inversés, c’est lui qui s’occupe de sa mère qui s’enfonce dans la dépression, dort le jour et vit la nuit, toujours exténuée, qui oublie d’aller chercher le petit frère Kevin, quatre ans, qui ne tient pas en place comme tout enfant de cet âge, et pleure souvent.

          J'ai bien aimé le personnage de Stan, parfait dans son rôle de grand frère toujours attentif vis à vis de Kevin, même quand ils se disputent, protecteur de sa mère, comme un ange gardien, trop raisonnable car il n'a déjà plus d'illusions, mais essaie de donner le change ...

          Elle décide de les emmener au bord de la mer, au bord de la mère dirait oncle Sigmund (Freud bien sûr), elle a retenu l’hôtel sur internet pour qu’ils la découvrent, et passer un bon moment ensemble. Mais rien ne se passe comme prévu.

          Durant tout le roman, il pleut, sur la ville, dans les cœurs, ils marchent, trempés dans la gadoue, un peu d’argent dans les poches mais si peu…

          L’auteure décrit très bien la misère psychologique et sociale, la solitude de cette mère dépassée par la situation.  L’atmosphère est lourde, angoissante, on souffre avec les petits, on a envie de la secouer un peu parfois. Tout est maîtrisé, l’auteure appréhende bien la misère psychologique et sociale, la fatigue omniprésente dans laquelle l’héroïne s’enlise.

          Tout en désirant me tromper, j’ai senti très vite comment cela allait finir, tant l’écriture se veut sinistre, (c’est l’héroïne qui raconte, avec un français approximatif). C’est voulu, mais cela coûte de lire ce roman, ligne après ligne, tant c’est anxiogène, trop réaliste comme la vie actuelle, dépressiogène. On se croirait en plein journal télévisé. Il y a cependant, de belles phrase que je vous donne en extraits.

          Je n’ai pas lu le second roman, car j’avais le moral assez plombé comme cela. Je suis probablement passée à côté de ce livre, qui est le premier de l’auteur et a reçu en 2002 le prix Alain fournier, car ce n’était pas le moment que je le lise. J’ai aimé celui qu’elle a publié en 2012 : « Nous étions faits pour être heureux ».

          Je vous laisse tenter l’expérience, mais avis aux personnes qui ont le blues, la dépression saisonnière : passer votre chemin, ou vider votre pharmacie avant, jeter votre révolver…

          Je n’ai pas aimé la première histoire car elle m'a trop secouée par sa dureté,  et pas lu la deuxième donc,  je ne mets pas de note.

          Et, ce week-end, je vais faire une orgie de BD ou de "Chick Lit" (littéralement littérature pour poussin dont je n'ai pas tourvé mieux que "Roman de gare" en français pour me remettre...

  

L’auteur :

 

Véronique Olmi 1

          Véronique Olmi est de nationalité française, elle est née à Nice en 1962

          Après avoir suivi des études d'art dramatique chez Jean-Laurent Cochet, elle a été assistante à la mise en scène pour Gabriel Garran et Jean-Louis Bourdon de 1990 à 1993. Auteure pour le théâtre, elle a également publié, en 2001, chez Actes Sud, son premier roman, Bord de Mer qui a reçu le Prix Alain-Fournier.

           "J'aimais mieux quand c'était toi" chez Albin Michel, en 2015 est son dernier roman,  mais on lui doit également :

        -  Cet été-là     en 2011

       -  Le premier amour   en 2010

        - Nous étions faits pour être heureux"  en 2012

        - La nuit en vérité   en 2013

 

 

 

 

 

 

Extraits :

 

          Le bonheur tient à presque rien, un peu de chauffage après la pluie et la vie s’ouvre un peu. P 37

 

          Il imite déjà les grands, j’ai pensé, et je me suis demandé combien de temps un enfant pouvait rester le fils de sa mère, à partir de quand il était méconnaissable, je veux dire : pareil aux autres. P 38

 

          J’ai entendu le rire des hommes, je crois qu’ils se moquaient plus d’une femme mais d’un gardien de but. Peut-être que c’est pareil. On est seul. On attend et on encaisse les coups sans broncher. Les autres regardent. P 39

 

          Incroyable comme on peut passer de l’amour à la haine, ça prévient jamais, c’est une sorte d’agacement, une rage qui monte et on sait pas vraiment contre qui ni contre quoi, des fois je voudrais pouvoir crier, trouver à qui j’en veux mais il n’y a pas de limite et tout est contre moi. P 45

 

          Je veux plus rien entendre, et j’ai fermé les yeux, je voulais rentrer à l’intérieur de moi, là où plus rien ne peut m’atteindre. Les mômes ont l’habitude. Souvent le dimanche je dors toute la journée. P 45

 

          J’ai tout quitté, la ville et moi avec : mon corps était sans poids, sans douleur, je m’enfonçais dans quelque chose de doux et je me défaisais de la peur, de la colère et de la honte aussi. J’étais arrivée dans un monde où j’ai ma place réservée. Ni endormie ni réveillée, je suis une plume. Ni endormie ni réveillée, je me défais, je m’étale, une bobine qui se déroule. Pourquoi est-ce qu’après j’ai basculé ? Pourquoi est-ce qu’après je me suis mise à rêver ? P 45

 

          Je ne pourrais pas passer une journée entière debout, à faire ceci à faire cela, à être aimable, polie et heureuse, non, je ne tiendrais pas le coup toute une journée les yeux ouverts. Dommage que le soleil soit double : un oubli, mais aussi une menace. P 46

 

          C’est pas la fatigue, c’est la panique. J’en ai parlé au dispensaire. Je suis pas la seule, ça arrive. Il faut se raisonner. C’est ce qu’ils disent. D’ailleurs toutes leurs phrases commencent comme ça : il faut. Moi j’entends : une faute, une faute, une faute.

 

Lu en mai  2015

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Commentaires
F
Je me souviens de ce livre qui m'avait pas mal secouée !!
A
Une auteure avec laquelle j'ai du mal, alors tu ne me tentes pas.
L
J'ai découvert Véronique Olmi avec Bord de mer, et j'ai totalement craqué pour cette histoire, tellement forte !
L
Tiens, ça me tente assez. Mon côté sombre sans doute... ;-)
P
Cette histoire est choquante mais j'aime le style "Olmi". Je crois que c'est son livre le plus sombre, effectivement. Il faut avoir le coeur bien accroché. Je devais être dans une phase optimiste au moment de ma lecture car je ne m'attendais pas à un tel épiloque malgré la noirceur du récit.
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