Aujourd'hui, je vais parler d'un roman historique qui m'a été offert par Masse critique Babelio et les éditions Terres de France que je remercie chaleureusement, car ils m'ont permis de découvrir une auteure que je ne connaissais pas.

          En  même temps, il s'agit d'un livre de la rentrée littéraire donc ce sera mon 6e titre pour le challenge 1% rentrée littéraire (donc je suis à 1%)

 

 

et toujours ses ombres sur le fleuve

 

 

Résumé

 

          Nous sommes le 23 décembre 1793, à Nantes, et la jeune  Lucile suit ses parents Clotilde et Théosime de Neyrac entravés et son petit-frère Théo en direction du fleuve dans lequel ils seront précipités après avoir été assassinés, sous les cris, les huées, les insultes de la foule. La Terreur bat son plein. on fait des mariages en liant entre eux les corps dénudés deux représentants du clergé  ou deux nobles comme les parents de Lucile (les mariages de ci-devants)  sous la houlette du commissaire de la révolution Jean-Baptiste Carrier

          La foule est tellement dense et pousse tellement fort que Lucile se trouve séparée des ses parents et arrive à s'enfuir.Elle retourne en direction de la maison familiale, le château de la Grande Gibraye,  mais instinctivement, elle va chez son compagnon de jeu Petit-Jean, fils du métayer du domaine.

          A son grand étonnement, le père veut bien qu'elle passe la nuit chez eux mais il tient à sauver sa peau, tout le monde est suspect, par les temps qui courent. Elle finit pas retourner à la maison, explore les pièces où tout a été saccagé, mais deux personnes entrent probablement à sa recherche alors elle se réfugie dans sa petite cachette, un endroit secret où personne ne peut le voir. Elle y trouve des objets laissés là par ses parents probablement ; une bague, une chaîne et de l'argent.

           Elle a reconnu parmi les deux visiteurs celui qui a condamné ses parents: et elle n'aura désormais qu'un but dans la vie se venger en tuant cet homme: le chevalier de Préville.

 

 

Ce que j'en pense

 

          La foule semble grossie de dizaine de nouvelles têtes, toutes grimaçantes, gargouilles éructantes, riant gras. Les tricoteuses sont aux premier rang, se frottent le chignon de leurs aiguilles de bois pour que les mailles glissent plus aisément. les abords de la Loire, en lieu et place de la grève de Chantenay, se noircissent, malgré le froid inhabituel, d'un  monde dépenaillé qui scande à tue-tête: "A mort" et chante "la Montagne". Ainsi commence le prologue.

          Nous sommes donc dans l'histoire d'un petite fille que l'onva voir grandir en traversant des étapes difficiles car elle doit toujours se cacher. Elle vit dans la peur, doit apprendre à s'échapper rapidement pour éviter de mourir comme ses parents, mais aussi il faut survivre, manger. La Terreur est finie, Carrier a été exécuté, la vie reprend son cours, mais seule, elle ne peut rien donc il faut trouver des alliés transitoires, d'abord un groupe de voleurs avec lesquels elle va "battre le pavé" dormant le jour, volant les passants à la tombée de la nuit. Elle apprend la loi de la rue., avec ses trois compagnons le beau Lambert, la dure Awa qui terrorise la bande et la petite Louison, fragile dont Lucile deviendra proche.

          Le groupe officie près du port, avec une technique bien rodée et un soir, un évènement important va se produire: alors que notre quatuor est en action, un spectacle est donné au théâtre Graslin et Lucile ne peut s'empêcher d'aller explorer les "coulisses" car elle a aperçue une belle jeune femme Albane. le théâtre prend feu et Lucile est sauvée par Madame Flavie, personnage étrange, ambigu et on devine vite que derrière le confort qui entoure Lucile se profile la prostitution.

          L'auteure décrit bien l'univers glauque des horizontales, dans la société de l'époque où les filles sont achetées, mises aux enchères, une vierge rapportant bien-sûr beaucoup aux maquerelles.

           une personne truculente ne fera qu'une brève apparition, dans le livre, une femme noire qui fait partie du personnel du château et qu'on reverra une fois dans le cours du récit: Joséphine.

           L'auteure, nous raconte une jolie histoire, nous parle joliment de Nantes et sa région, des moeurs de l'époque. Elle nous raconte aussi la vengeance et tout ce que celle-ci peut entraîner dans la construction de cette jeune personne.

           Cependant, j'ai été déçue par le côté conte de fée de ce livre, le sujet aurait pu être creusé bien davantage, je trouve que Lucile est restée une petite fille qui attend le prince charmant. on passe un bon moment, avec cette histoire mais je m'attendais à autre chose.

           Par contre, Nathalie de Broc a un très joli style d'écriture, les phrase sont courtes elle emploie des mots issus du vocabulaire de l'époque, ou des mots dont le sens a changé depuis la Terreur: "pièces d'Inde" pour parler d'esclaves, "pointe de Franklin " pour paratonnerre, et on apprend au passage que les "restaurants" à l'époque, désignaient des bouillons reconstituants que l'on donnait aux malades...

            Chaque chapitre est précédé d'une citation,  correspondant au thème qui y est  évoqué  : Sophocle, Shakespeare, Musset, essentiellement mais on voit passer aussi Dickens, Hugo, Anatole France,  Racine et Marivaux.

          Donc, l'ouvrage a été travaillé avec soin d'où la note.

 

Note : 7/10

 

 

L'auteur

 

Nathalie de Broc 1

Nathalie de Broc habite Quimper. Elle a été reporter à France Inter avant de devenir journaliste indépendante pour France 3 Ouest. Avant de signer son premier roman aux Presses de la Cité, elle a été traductrice chez Plon et a publié des guides touristiques chez Gallimard.

 

 

quelques titres :

 

la dame des forgesloin de la rivière

 

Extraits

         

         

          Derrière le cordon de baïonnettes qui s'effiloche sous la pression des curieux, on se bouscule; c'est à qui jouera le mieux des coudes. On veut tout voir. Même si le spectacle est devenu routinier: la "baignoire de la République" ne désemplit plus depuis un mois... La Convention lui ayant donné l'ordre de déméphitiser (désinfecter) la ville, il s'y emplois à tour de bras avec une scrupuleuse conscience dépourvue de tout état d'âme. pas le temps. p 12

 

          La belle esclave - depuis longtemps affranchie - avait débarqué à dix huit ans du ventre de la massive "Thémis", trois-mâts de trente mètre doublé de cuivre jaugeant trois cent vingt tonneaux, revenu à Nantes alourdi de sucre, café, cacao, indigo, coton et rocou, et une petites centaines de pièces d'Inde qui, comme elle, avaient tâté de la mer depuis Point-Noire au Congo... au fond d'une cale à peine ventilée par les manches à air et où l'on ne pouvait se tenir qu'accroupi, le cou enserré dans un carcan de bois. p 37

 

         Elle s'y est perdue volontairement (dans la ville).  Avec cette vigilance que quatre années dans les rues ont aiguisée. elle sait combien elle fait illusion. Non qu'elle se sache belle. Qui aurait pu le lui dire? Peut-être certains coups d'oeil masculins, un peu trop appuyés. Mais elle y voit une surveillance à éviter à tout prix, plutôt que l'admiration qu'elle est à cent lieues d'envisager. p 72

 

           Aucune miséricorde, pas une once de compassion dans ce corps gracile, androgyne d'ancienne esclave. Awa, négritte, pas encore pièce d'Inde quand à peine âgée de huit ans, le roi de Loango au Congo, assis en tailleur devant sa case et portant un ridicule tricorne galonné, l'a séparée de sa mère, d'un doigt pointé... Payée comptant vingt-huit livres, et marquée à l'épaule par une lame chauffée à blanc, dans des odeurs de peau grillée mêlée d'une incongrue coulée de miel, censée adoucir le feu insupportable du cachet. La seule victoire dont s'enorgueillit Awa, qui aime raconter avec force détails plus horribles les uns que les autres son odyssée, est d'avoir échapper aux coups de fouet et aux scarifications. p 76

 

 

Lu en septembre 2014

 

 

 

challengerl2014