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Les livres d'Eve
17 août 2014

La confrérie des moines volants de Metin ARDITI

Aujourd'hui, je vous parle d'un roman qui m'a beaucoup plu et j'espère que vous aurez envie de le découvrir, si ce n'est pas déjà fait !!!!

la condrérie des moines volants

 

Résumé

 

L’histoire commence en URSS, en 1937, où les bolchéviks étendent leur pouvoir et détruisent avec acharnement tout ce qui se rapporte à la religion orthodoxes. Au nom du régime, Dieu est banni et on doit effacer toutes traces de la foi. On tue les prêtres, les moines, on détruit, on saccage, on brûle les livres religieux et surtout les icones, témoins de la foi. Une seule religion doit exister : le communisme et le culte de la personnalité.

Un moine, ermite au monastère de Saint-Eustache, décide de sauver tout ce qui peut l’être. Il se nomme Nikodime Kirilenko. Il forme une communauté : « la confrérie des moines volants » avec quelques autres moines décidés eux-aussi à protéger le patrimoine religieux.

Ils vont dans les églises, couvents et prennent les livres sacrés, les objets de culte, les icones, les restaurent au péril de leur vie car tout est surveiller et sentant venir la surenchère dans le zèle des milices Nikodime décide de les cacher avec l’aide de la belle Irina.

Nikodime lutte contre ses propres démons, médite sur sa foi et finit par se dénoncer comme l’auteur des vols après avoir détruit la communauté.

On se retrouve en France en 2000, à l’inauguration de l’exposition du photographe à la mode, Mathias Marceau. Bientôt celui-ci apprend le décès de son père André et découvre grâce à Igor Federenko que celui-ci était de confession orthodoxe et restaurait des icones, et que son désir était d’être enterré avec le rite orthodoxe. Tout ceci intrigue Mathias qui va décider d’aller à la rencontre de ce père secret dont il ignorait tout un pan de l’existence. Retournera-t-il sur les traces de sa mère et de la Russie. Je vous laisse découvrir.

 

Ce que j’en pense :

 

C’est le premier roman de Metin ARDITI que je lis. C’est une formidable découverte. L’histoire est très belle et très intéressante car elle dévoile ou du moins remet à jour les crimes du régime communiste de l’ex URSS qui tuait tout ce qui ne pensait pas comme lui.

L’auteur construit son livre en deux parties bien distinctes : l’histoire de Nikodime et toutes les dérives du communisme vis-à-vis des personnes croyantes. Une partie où la foi (et la pratique religieuse) est un personnage à part entière avec aussi des excès et des folies…

Dans la deuxième partie, on retrouve le secret de famille, avec toutes ses conséquences et surtout le parcours initiatique de Mathias, qui revisite son passé et celui de la famille avec ce nouvel éclairage de la foi. Il reconstitue l’histoire familiale et va se trouver transformé par elle.

La personnalité de Nikodime est très intéressante, avec sa foi d’illuminé et les démons qui le titillent, son attirance vers les plaisirs de la chaire et ses tentatives d’auto flagellation (quand il porte son tronc d’arbre sur le dos tous les jours comme le christ sa croix)  que l’on retrouve dans toutes les religions lorsque l’on pratique avec un excès frisant l’intégrisme (il y a toujours eu des « fous de Dieu » et il y en aura probablement toujours quel que soit le Dieu qu’on vénère.

Le deuxième personnage attachant est, bien sûr, Irina. C’est une belle jeune femme qui épouse la cause de Nikodime et lui montre somment cacher les œuvres d’art pour les soustraire aux mains destructrices des Bolchéviks. Jusqu’où va aller cet attachement ? Nikodime va-t-il transgresser les règles ? Cette femme est courageuse comme l’atteste sa fuite de l’URSS, son exil dans un pays dont elle ne connait pas la langue…

En parallèle avec la quête de l’identité, il y a bien sûr la chasse au trésor enfoui par Nikodime, comme un fil rouge : va-t-on le retrouver ?

L’auteur écorche en passant les amateurs d’art milliardaires et sans scrupules : l’art est un placement pour eux, la notion du beau leur est étrangère. Qu’ont-ils de vraiment différent des Bolchéviks destructeurs ? Un livre très intéressant, bien écrit qui se dévore et qui nous enrichit et que je vous conseille car il mérite vraiment le détour. Le roman est composé de chapitres courts, l’auteur ne se perd pas dans les détails, mais toute la beauté des icones et des objets de culte et autres est là dans notre pensée car ce livre est une invitation au voyage dans le monde de l’art et dans celui des hommes et des femmes au travers de leur histoire et de la grande Histoire.

Le seul bémol que je mettrais : j’ai beaucoup plus aimé la première partie, car les personnages sont plus hauts en couleurs, et certainement aussi pour le côté historique et l’analyse des extrémismes (qui est en filigrane). 

Les personnages de 2000 semblent plus pâlots. Mais, bien sûr on n’est plus dans le même registre, on est passé du règne de l’action à celui de la réflexion, de la quête de l’histoire familiale, donc plus dans le domaine de l’intime. Le récit devient plus nuancé, mais on ne perçoit pas assez la sensibilité de Mathias, à mon avis du moins. Par contre l’auteure nous raconte très bien les mystères de « l’âme russe »…

Une belle découverte donc une bonne note.

Note : 8/10

 

 

L’auteur :

 

Metin-Arditi 2

Né en 1945 à Ankara, Metin Arditi vit à Genève. Il préside l’Orchestre de la Suisse romande et la fondation Les Instruments de la Paix-Genève.


Son œuvre est publiée chez Actes Sud : Dernière lettre à Théo (2005), La pension Marguerite (2006 ; Babel n° 823), L’imprévisible (2006 ; Babel n° 910), Victoria-Hall (Babel n° 726), La fille des Louganis (2007 ; Babel n° 967), Loin des bras (2009 ; Babel n° 1068), Le Turquetto (2011, prix Jean-Giono, prix Page des libraires, prix Alberto-Benveniste, prix des libraires de

Mertin Arditi

Nancy) et Prince d'orchestre (2012).

 

 

 

 

 

 

Extraits :

 

Non, ce n’était pas le Seigneur qui avait abandonne les hommes. C’était des gens comme lui, Nikodime, qui avaient laissé entrer Satan dans leur vie. Des gens qui avaient souillé l’Eglise de leurs péchés et ne priaient Dieu que pour leur propre salut. C’étaient eux qui avaient tendu à Satan les clefs de leur Eglise. Alors Satan avait pris possession des hommes et ils étaient devenus des moutons à son service. P 30

 

Et le Christ ? A quoi avait-il pu penser en gravissant le Calvaire ?...

Sans doute avait-il pensé que la terre est peuplée de canailles. Qu’elle est même faite pour eux… conçue pour les crapules… Que la mission confiée par le Père était précisément d’aider ces canailles à vivre avec le poids de leur ignominie. C’était pour cela que le Père avait voulu l’exhiber ainsi aux yeux de tous, humilié, insulté, subissant la pire injustice que jamais aucun homme n’aurait à subir. Pas pour  les sauver, non. Mais pour montrer aux hommes quelles canailles ils étaient. P 66

 

--Quand on est russe, reprit Federenko, on l’est jusqu’à la moelle des os. Et on ne peut être que cela…

… Pourquoi est-elle partie ? On ne l’a jamais su. Un Russe qui vit à l’étranger, c’est un être incomplet. P 184

 

Il avait passé quarante ans à se croire français. A agir et à réagir en tant que Français. Mathias Marceau, Français de souche… Mais Marceau André, fils d’Alphonse et d’Irène, née Dieu sait quoi, n’était rien d’autre qu’un Russe. P 185

 

Il aurait pu retourner au pays, après la chute. Mais voilà, il aurait perdu son confort. Le doux confort de l’exil… solide, ourlé d’héroïsme… Les réfugiés russes avaient été les victimes d’un régime qui les avait contraints à l’éloignement ? Ils avaient fait front avec dignité. Et lui, Igor Alexandrévitch Federenko, titulaire d’un héritage glorieux, avait grandi avec une médaille usurpée accrochée à sa poitrine et fêté les Noëls, les Epiphanies et le Pâques de l’exil dans la lumière consolante de la nostalgie. P 190

 

A l’époque, la simple opposition à une action du Parti était considérée comme un signe de débilité mentale. Les médecins l’ont déclaré schizophrène. C’était l’année où Snejnevski inventa une nouvelle maladie : la schizophrénie asymptomatique.

Sur le plan politique, l’invention était géniale. Le régime ne tuait plus, comme sous Staline. Il enfermait, en toute légalité, et même en toute éthique scientifique. P 227

 

Lu en juillet 2014

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Commentaires
E
ce livre m'a beaucoup plu. j'aime beaucoup les auteurs russes d'avant la révolution. Je connais moins ceux qui ont suivi, par manque d'informations et de conseils, et je le regrette. je suis tombée sur celui-ci via les Babéliotes et de ce fait, j'ai envie de me pencher sur les auteurs russes contemporains.<br /> <br /> J'ai lu "Je viens de Russie" de Prilépine j'ai eu du mal je l'avoue...
E
J’étais très septique quand j'ai emprunté ce livre à la bibliothèque le titre La confrérie des moines volants ne m'emballait pas du tout. Mais je dois dire que je ne suis pas déçue.Ce retrouver dans le régime soviétique de l’époque.L'histoire <br /> <br /> de ce moine Nicodime que j'ai suivi pas à pas avec ses frères est très bien racontée.quand nous revenons sur 2000 pour retrouver Mathias qui ne sait rien de son histoire il est perdu normal puisque son père ne lui à jamais raconté.Je ne le trouve pas absent dans la suite du roman mais dépassé par ce qui lui arrive.la fin ne me déceoie pas.<br /> <br /> Je ne suis pas très pour les livres d'histoire mais celui ci me fait changé d'avis.
L
Je le mets sur ma liste.
A
Le titre m'intrigue.
P
Généralement j'évite les livres sur la Russie qui sont de gros pavés foisonnant de détails mais ton avis très enthousiaste me ferait presque changer d'avis !
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