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Les livres d'Eve
30 mars 2014

"La mémoire est une chienne indocile" d'Elliott PERLMAN

Je viens de terminer ce chef-d'oeuvre. Ce n'est pas faciled'en faire la critique tout de suite après, car je suis assommée par la richesse de ce que je viens de lire, l'important travail de recherche, la densité des personnages.

Je le trouve hors catégorie donc mettre une note sera difficile.

 

la mémoire es une chienne indocile Elliot Perlman

 

 

 

 

Résumé

 

Le livre débute avec l’entrée en scène de Lamond, qui vient de sortir de prison : il a été condamné parce qu’il conduisait la voiture dans laquelle avaient pris place deux de ces amis qui on décidé de faire un vol à mains armées. Il n’y est pour rien mais il les a amenés, il a attendu dans la voiture et comme il est noir, il est forcément coupable, alors qu’il a toujours été un jeune sans problème, père d’une petite fille de 2 ans. Même son avocat ne l’a pas cru !!! Au début de l’histoire Lamond vient de sortir de prison et il a 6 mois  de réadaptation à faire comme homme de ménage dans un hôpital.

En parallèle, on découvre Adam Zegnelik, historien à l’université, où il est en train de perdre son poste car, il n’a pas assez fait de publication. Petit-fils d'exilés juifs - ses grands-parents ont fui les pogroms -, cet intellectuel "épris de justice" aborde la quarantaine en se posant des questions existentielles, sur fond de dépression. C’est un homme peu sûr de lui, car il a vécu toute sa vie à l’ombre d’un père, célèbre avocat connu pour son militantisme pour la défense des droits civiques des noirs et la lutte contre la ségrégation avec l’épisode très dur du lynchage d’une jeune fille noire acceptée avec 8 autres dans un lycée jusque là réservé aux blancs. Sentant sa carrière lui échapper, Adam rompt sa relation avec la femme de sa vie Diana.

Le titulaire de la chaire d’Histoire à l’université est Charles, un ami de longue date d’Adam mais qui se battra peu pour que son ami puisse garder sa place. Le père de Charles, William va par contre jouer un rôle important en suggérant un sujet d’étude à Adam : prouver que des soldats Noirs ont fait partie des soldats américains qui ont ouvert les portes d’Auschwitz.

Nos deux héros, Lamond et Adam ont en fait quelque chose en commun : dès le premier jour de son travail a l’hôpital Lamond fait la connaissance de Henrik Mandelbaum, atteint d’un cancer et qui va se lier d’amitié avec lui et lui raconter sa vie en Pologne puis son internement à Auschwitz où il va être embauché dans le Sonderkommandos dont les membres étaient donc des déportés choisis en fonction de leur force physique, dont le rôle était de faire procéder au déshabillage , puis, après leur mort, à la crémation des cadavres des populations sélectionnées dès la sortie des trains à leur arrivée au camp.

De son côté Adam va essayer de trouver des témoins da la présence de soldats noirs à la libération des camps et il va mettre à jour des témoignages recueillis par le Pr Border, psychologue : il est allé en 1946 en registrer avec un appareil rudimentaire des témoignages de rescapés des camps en vue de faire un travail sur leur mode d’expression verbale (le quotient adjectif-verbe) il en publiera quelques uns dans un livre « je n’ai pas interrogé les morts ».

Le livre va donc évoluer à l’heure actuelle avec le destin de Lamond et celui d’Adam, avec des retours en arrière, entre 1942 et 1945 où l’auteur décrit ce qui se passe dans les camps, par les récits d’Henrik, des passages par les années 60 avec les passages à tabac de Noirs car la ségrégation bat son plein, les années après-guerre avec les travaux de Border et son histoire personnelle qui joue un rôle important dans le livre : sa fille  Elise, Callie la jeune femme noire qui entretient la maison et son fils (qui a vu son père se faire battre à mort sous ses yeux pour avoir osé monter dans un tram réservé aux blancs)

En fait, tous les héros vont se retrouver liés entre eux dans une magnifique histoire que je vous laisse découvrir.

 

 

 

 

Ce que j’en pense :

 

C’est le premier roman d’Elliott Perlman que je lis et encore une fois je suis sous le choc. Ces derniers temps j’ai lus des livres que j’avais longtemps attendus mais que j’ai tous aimés. Celui-ci est hors catégories.

L’auteur nous emmène de Cracovie à Auschwitz, en passant par Varsovie et son ghetto, de New-York à Chicago, avec un retour aux sources par Melbourne et en même temps on voyage dans le temps : 1942-45, les années soixante, l’époque actuelle, et les ghettos modernes.

En effet, c’est une belle réflexion sur la mémoire, la transmission sous toutes les formes possibles.

La mémoire orale : le récit de sa vie que fait un vieil homme rescapé d’Auschwitz à Lamond, jeune homme noir passé par la case prison, pour que personne n’oublie ce qui s’est passé dans les camps, le commando on utilisait des prisonniers juifs en forme pour sortir les corps gazés pour les emmener dans les fours crématoires, (ou des fosses quand le temps pressait) et aussi pour les accompagner aux chambres à gaz par rangs de 5, les femmes d’abord)

Aussi pour parler de son enfance en Pologne, toute trace de sa famille ayant disparu. Il tient lui aussi à laisser son témoignage et il a l’impression que ses descendants ne s’intéressent pas à ce qui lui est arrivé.

La mémoire orale aussi par les enregistrements effectués en 1946 par le Dr Border et le système qu’il a fallu imaginer pour enregistrer à cette époque.

La mémoire écrite avec les notes manuscrites  du Dr Border qu’Alan découvre dans un carton au fond de la bibliothèque de Chicago (le livre qu’il en a tiré)

La mémoire olfactive, avec les chairs brûlées, les odeurs qui règnent dans le camp. La mémoire auditive (le slogan publicitaire qui trotte dans la tête de Lamond aussi bien que les hurlements Nazis.

En parallèle de la mémoire en tant que telle, l’évocation du racisme : antisémitisme, mais aussi haine raciale aux USA, avec le lynchage de la jeune fille noire admise dans un lycée en 1957, les luttes pour la reconnaissance des droits civiques des Noirs…

La mémoire partiale : on envoie des Noirs en première ligne parmi les soldats mais on ne se rappelle pas qu’ils ont participé à la libération des camps. On leur a rayé cette reconnaissance purement et simplement.

On a donc une étude de la mémoire collective mais aussi de la mémoire individuelle à travers l’histoire de chacun des héros. Leurs difficultés à assumer : pas facile d’être le fils d’un défenseur des droits civiques illustres alors qu’on est historien universitaire certes mais qui ne publie rien et se retrouve privé de son poste, et qui préfère mettre fin à son couple plutôt que ne pas être à la hauteur.

L’amitié aussi est étudiée dans ce livre : celle qui unit Adam et Charles, Adam et William (le père de Charles qui suggère ce thème de travail) celle aussi qui unit Lamond a ses anciens copains (à cause d’eux il fait de la prison alors qu’il n’a rien fait, sauf conduire une voiture mais personne ne l’écoute même pas son avocat car il est Noir. L’amitié entre Lamond et le vieil homme, la complicité qui s’installe entre eux : ces deux là se sont reconnus, et respectés d’emblée (cf. les efforts de Lamond pour se rappeler ces noms qu’il n’a jamais entendus avant : il s’est engagé à le faire pour témoigner au nom du vieil homme mais c’est difficile alors il répète toutes les nuits ces mots, ces noms à consonance étrangère)

L’amour n’est pas en reste dans ce livre : Adam qui met fin à sa relation avec Diane contre sa propre volonté et celle de la jeune femme car ils s’aiment mais il doute trop de lui-même pour construire un couple, du moins c’est ce qu’il croît.

L’amour du Dr Border pour sa femme Rosa et toutes les conséquences que sa jalousie va avoir nous touche comme l’amour qu’il éprouve pour sa fille. Ce professeur est inspiré d’un personnage ayant existé (comme beaucoup d’autres ainsi que l’auteur l’explique dans la postface et ses travaux aussi : il est un précurseur car son coefficient adjectif-verbe est un balbutiement de ce qu’on baptisera plus tard : le syndrome de stress post traumatique.

Il y a les héros tels Rosa, Noah qui refusent de plier dans les camps et se battront jusqu’au bout, en mettant en place un mouvement de résistance. L’auteur nous parle très bien de l’importance de prendre des notes tous les jours dans les camps pour raconter ce qu’il s’y passe, laisser des preuves qu’ils enterreront pour qu’un jour on les trouve et qu’on sache ce qui s’est passé.

Elliott Perlman vous démontre à merveille l’interaction entre les histoires personnelles des héros et la grande Histoire, comment des êtres si différents peuvent se rencontrer et écrire un morceau de l’histoire ensemble. Et aussi, les conséquences dramatiques que peuvent avoir nos actes sans que nous l’ayons réellement voulu, du moins pas à un tel niveau.

Il nous montre aussi que chacun détient une part de la vérité donc de la mémoire collective, et que chacune de ces parts réunies permettront de reformer le puzzle. Et on retrouve, cette loi de causalité qui fait qu’un événement minuscule qui se produit à un endroit de globe va entraîner des réactions en chaîne et lourde de conséquences.

C’est un livre qui ne s’avale pas d’un trait, car on est submergé par la somme des informations qu’il faut intégrer peu à peu afin d’apprécier la qualité du travail de recherche qu’a effectué l’auteur et par les émotions que l’on ressent tout au long de cette lecture. Certains évènements, certains récits sont durs, même si on connaît bien cette période et l’idée de mettre en parallèle l’antisémitisme l’extermination des Juifs et tout ce qu’ont subi les Noirs est remarquable.

Un très beau livre, bien écrit, car on n’est jamais dans le pathos, l’auteur reste au plus près de la réalité même quand il évoque les pires atrocités, ou les émotions plus ou moins dissimulées des héros, leurs forces et leurs faiblesses. On se sent proche de chacun d’eux, sans envie de les juger.

Je pense que ce sera mon coup de cœur de l’année 2014. Et je vais essayer de lire « Ambigüités » son précédent roman qui a été encensé par la critique aussi. J’espère vous avoir convaincus que c’est une pépite à lire absolument. Promis, vous ne serez pas déçus.

 

Note : 9+/10 car j’ai dû me résoudre à en mettre une mais il est hors catégorie pour moi.

 

 

L’auteur :

 

AVT_Elliot-Perlman_1025

 

 

Elliot Perlman est né le 07/05/1964 en Australie. Il est le fils de la deuxième génération Australiens juifs d'origine est-européenne. Il a étudié le droit à l'Université Monash  à Melbourne. Il a été admis au Barreau en 1997, mais alors qu’il était le collaborateur d'un juge au début des années 1990, il a commencé à écrire des histoires courtes, et a gagné concours de nouvelles «The Age» en 1994.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages dont Trois dollars, son premier roman, récompensé par le Melbourne Age Book of the Year Award, Ambiguïtés et L'Amour et autres surprises matinales (Robert Laffont, 2008), un recueil de nouvelles qui a reçu le Steele Rudd Award et le Betty Trask Award. Trois dollars a été adapté au cinéma, en 2005, par Robert Connolly. Elliot Perlman vit aujourd'hui à Melbourne, ou il exerce la profession d'avocat.

 

Il vit à Melbourne, en Australie

Son travail "condamne le rationalisme économique qui détruit l'humanité des gens ordinaires quand ils sont confrontés au chômage et à la pauvreté».

Cela n'est pas surprenant dans un écrivain qui admire Raymond Carver  et Graham Greene  parce qu'ils «écrivent avec une forte morale et un

 

fort sentiment de compassion ". Cependant, dit-il, "Une partie de ma tâche est de divertir les lecteurs. Je ne veux pas que ce soit de la propagande du tout. Je ne veux pas écrire de la politique fiction ni offrir une solution de rechange. Je pense que la critique sociale suffit ». Il se

Eliott Perlman

décrit, en effet, comme étant intéressé à «l'essence de l'humanité» et fait valoir que l'exploration, cela signifie souvent  toucher aux questions politiques.

 

Perlman utilise souvent des paroles de musique et chanson, dans son travail pour donner une idée ou l'humeur, ou donner une idée sur un personnage.

 

 

Extraits :

 

« La mémoire est une chienne indocile. Elle ne se laissera ni convoquer, ni révoquer, mais ne peut survivre sans vous. elle vous nourrit comme elle se repaît de vous. Elle s’invite quand elle a faim, pas lorsque c’est vous l’affamé. Elle obéit à un calendrier qui n’appartient qu’à elle, dont vous ne savez rien. Elle peut s’emparer de vous ou vous libérer. Vous laisser à vos hurlements ou vous tirer un sourire. P 11

 

Dès l’époque où l’on a enlevé leurs ancêtres, où on les a emmenés contre leur volonté… peux-tu t’imaginer séparé de ta famille, de force,  le pour être utilisé comme un objet, à seule fin de permettre à d’autres individus de s’enrichir ? … Dès cette époque, il n’y a pas eu un seul moment où les Noirs n’ont pas eu à affronter la discrimination, où ils n’ont pas senti que leur vie était plus dure que celle des autres, uniquement parce qu’ils appartenaient à un certain groupe, le groupe où ils étaient nés. P 41

 

C’est le travail de qui, de chercher ? C’est le notre. A nous les historiens. Cela fait partie de notre tâche. Plus vous en savez, plus vous en lisez, plus forte sera votre intuition… Mais quel que soit le métier que vous finirez par exercer pour gagner votre vie, où que vous l’exerciez, il vous faudra autant d’intuition et de curiosité que vous pourrez en puiser en vous-mêmes. Développez l’une et l’autre comme un athlète développe ses muscles et ses impulsions. Vous en aurez besoin, ne serait-ce que pour maintenir votre esprit en éveil. Tôt ou tard, quoi qu’il se produise à Wall Street, vous tiendrez à récupérer la maîtrise de votre esprit. P 115

 

La liberté d’expression ne signifie pas la liberté d’intimider ou d’attiser la haine raciale. P 124

 

Le récit chronologique pourrait bien représenter l’épine dorsale de ce corpus de connaissances que nous appelons l’histoire, mais la perspicacité, la psychologie, la vigueur de l’imagination nous aideront à saisir non seulement le « quoi » de l’histoire, mais aussi le « pourquoi », et c’est là une source de satisfaction des plus intenses. P 139

 

Nous ne pouvons pas compter sur l’histoire pour nous indiquer avec exactitude ce qui va se produire dans l’avenir. P 142

 

Chacun de nous possèdent 100 milliards de neurones, chaque neurone possède mille synapses ou davantage, et c’est tout cela qui constitue notre conscience individuelle, nos émotions et nos pensées, et les actions déterminées par ces dernières. Ne laissez jamais personne critiquer l’incapacité de l’histoire de prédire l’avenir, alors que les sciences naturelles ont déjà du mal à prévoir correctement le temps qu’il fera demain. P 143

 

Mais au moment où il avait entendu le mot « coupable », un mur avait surgi dans sa vie, divisé pour toujours ses jours entre le temps où il suspectait seulement qu’on ne le croirait peut-être pas et le temps où ses soupçons s’étaient révélés justifiés et où il avait été privé de sa liberté. P 166

 

Mon ami est un vétéran noir qui, entre autres choses, a servi son pays au péril de sa vie, en libérant les victimes d’un des pires régimes qui ait jamais existé et, depuis lors, des gens ont prétendu qu’il n’y était pas. Tu ne comprends pas ce que cela signifie Adam ? C’est ce qui se passe quand un homme invisible, un Noir part faire la guerre. P 185

 

Il était jeune, mais il aurait compris ce que cela signifiait que d’entendre un ouvrier blanc déclarer à l’entrée de l’usine qu’il préférerait laisser gagner Hitler ou Hiro-Hito plutôt que de côtoyer un nègre dans un atelier d’usine. Il ne l’avait pas entendu dire, mais il connaissait la ville où il vivait avec sa mère et son père, amoureux depuis l’enfance, désormais réconciliés et qui restaient collés l’un à l’autre depuis le Mississippi, non sans accrocs, non sans interruptions et pas mal de complications. P 301

 

Qu’ils aient été simplement fatigués ou qu’ils aient atteint un certain degré de compréhension mutuelle, ce furent les derniers mots prononcés dans la maison de Henry Border cette nuit-là. Et cependant, une longue chaine de causalité reliait leur conversation à une autre nuit, en un autre lieu, dans un passé très lointain. En Pologne, avant la guerre, avant qu’Hitler ne devienne chancelier d’Allemagne, dans la ville de Ciechanow, alors que l’automne entrait dans l’hiver, une femme attendait sous un bec de gaz au coin d’une rue venteuse en espérant que personne ne la verrait dehors à cette heure de la nuit, en espérant que personne d’autre que son amant ne la verrait là. P 330

 

Comment se procurer à manger quand il n’y avait tout bonnement pas assez ? Que ne seriez-vous pas obligé de faire ? Une faim aussi sévère entraînait la fatigue, une faiblesse qui allait au-delà de la fatigue et s’infiltrait dans  vos tendons, dans vos os. Vos membres de plus en plus légers vous faisaient chaque jour l’effet d’être un peu plus lourds. P 378

 

Il était mort sans savoir si quelqu’un entendrait ou lirait un jour le plus gros de l’œuvre la plus importante qu’il ait jamais entreprise. Et ils ne le seraient peut-être jamais, à moins qu’Adam, après être tombé sur eux, ayant compris l’importance et la lueur de salut inexprimé qu’ils recélaient pour lui, ne se décide à les étudier. P 423

 

Quelle maîtrise avons-nous de ce dont nous nous souvenons et du moment où survient ce souvenir ? Il ne pouvait complètement effacer de son esprit l’image de cet homme couché sur sa femme, dans leur canapé quand après avoir colporté sa migraine dans les rues de Varsovie, il avait ouvert la porte de leur logement. Cela ne justifiait rien. Seul désormais dans son lit de l’appartement d’Elly, au sixième étage, les yeux fermés, il les revit. Pourquoi maintenant ? Pourquoi cela ne le quittait il pas ?  P 550

 

 

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Lu en mars 2014

 

 

 

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Commentaires
P
Les histoires de mémoire m'attirent toujours, l'amour aussi.
A
Que de sujets intéressants dans ce roman.
L
Il y a des livres, comme celui-ci, après lesquels on a du mal à se plonger dans une histoire. En général, il me faut deux ou trois jours de "diète livresque" (hormis quelques BD).
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